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Les confidences de Yves, 88 ans, confiné à St-Maur-des-Fossés


Les participants des ateliers citoyens Solid’Âge ont accepté de nous livrer leur ressenti, nous raconter leur vécu, une anecdote sur leur quotidien pendant cette crise sanitaire. Rencontre avec Yves, 88 ans, « Capitaine au Long Cours » dans une vie antérieure. Un accident de la route contraint notre marin à changer de cap pour se reconvertir professionnellement. Vingt années plus tard, il est à la tête de l’entreprise familiale de métallurgie de son épouse dans le Val-d’Oise. Ses fonctions, en tant que chez d’entreprise, l’amènent en parallèle à s’engager en tant que président régional du Val d’Oise-Yvelines d’un syndicat professionnel et président de la section Industrie d’un tribunal de Prud’hommes de Montmorency. Depuis plus de deux ans, Yves s’est installé à St-Maur-des-Fossés dans le Val-de-Marne, afin de se rapprocher de ses enfants et de s’occuper de son épouse atteinte de la maladie d’Alzheimer. Résidente au sein d’un Ehpad à St-Maur-des-Fossés, elle contracte début avril la Covid-19, dont elle réussit à guérir en dépit de ses importants problèmes de santé. Entre crainte et joie de vivre, notre participant des ateliers Solid'Âge, sur le sujet de la prévention dans le 94, revient sur cette période de confinement passée au sein de son appartement. Interview.

Gérond’if : Qu’est-ce que le confinement vous a inspiré ?

Yves : Une occasion de mesurer les chances que la vie m’a données au-delà des vicissitudes du moment !

Ce n’est tout de même que très partiellement que j’aurai vécu ce confinement dans la crainte de voir partir mon épouse dans des conditions difficilement supportables, et celle d’avoir moi-même contracté ce virus en venant, chaque jour et sans plus de précaution, lui rendre visite une ou deux heures jusqu’au confinement imposé.

Passé la durée supposée de contamination ou d’incubation du virus de mon épouse, j’ai très vite retrouvé ma petite joie de vivre.

A mon âge, à vrai dire, ne plus guère sortir de chez soi ne pose pas de vrai problème existentiel lorsqu’on jouit d’une relative bonne santé et que l’on a la chance de bénéficier d’un certain confort à domicile. Mon ordinateur et ma télévision ont sans doute beaucoup aidé au maintien de mon équilibre. Mais surtout, la proximité géographique et affective de mes enfants et petits-enfants n’aura pas peu contribué à celui de mon moral. D’autant que cette proximité m’aura permis d’aller tous les soirs à leur rencontre sous les fenêtres de mon fils habitant, avec sa famille, un rez-de-chaussée sur le parc de sa résidence !

Tout au long de cette période de confinement…

  • Ce que j’ai apprécié malgré tout : La proximité de ma famille.

  • Ce que j’ai le moins apprécié : Ne plus pouvoir embrasser mes petits-enfants ni recevoir ma famille à domicile.

  • Ce que j’ai appris ou découvert : La disponibilité d’un personnel d’Ehpad pourtant et évidemment surchargé ! Et de façon plus personnelle ma capacité à endurer cette situation.

  • Ce que j’ai aimé voir : Les applaudissements de 20h en soutien au personnel soignant.

  • Ce que j’ai détesté entendre : Ces vaines polémiques sur les dispositions prises ou l’usage de l’hydro chloroquine !

  • Ce qui m’a fait rire : Ma petite-fille de 6 ans et demi le jour où j’ai voulu lui montrer la façon médicale de se laver les mains : " Oui, je sais " ! La maîtresse était passée avant moi…

  • Ce qui m’a surpris : L’impossibilité de rendre visite à mon épouse en Ehpad.

  • Ce qui m’a agacé : La querelle d’ego des mandarins.

  • Ce qui m’a inquiété : La certitude d’avoir contracté le virus quand je me suis mis à souffrir d’un abcès dentaire avec fièvre, mal de gorge et fatigue…

  • Ce qui m’a manqué : La possibilité de poursuivre mes visites à mon épouse, à dix minutes à pieds de chez moi.

Pendant le confinement, diriez-vous que vous étiez plutôt …

  • Débordé ou détendu : Plutôt détendu.

  • Optimiste ou dubitatif : Optimiste, mais c’est un peu ma nature !

  • Sportif ou pantouflard : Sportif est un grand mot, mais je n’ai pas raté une occasion de sortie sous couvert du fameux passeport…

  • Connecté ou déconnecté : Très connecté !

  • Créatif ou rêveur : Créatif par l’écriture traitement de texte.

  • Gourmand ou diététique : Plus gourmand que jamais !

Une petite anecdote sur ce confinement ? C'est au tout début du confinement ; les masques étant encore peu disponibles. Je fais la queue devant la boulangerie remplie de monde. Fort de ma nouvelle science, je m'efforce de désencombrer l'intérieur en maintenant les gens derrière moi, jusqu'à ce qu'il n'y reste plus que deux personnes en boutique. Mon tour arrive, je paie mon pain et je me retourne ; les clients se bousculent à nouveau derrière moi. Je soigne de l'asthme ; je pique une colère argumentée. Un client déclare haut et fort s'en aller à "L'étoile du Pain Chaud", le concurrent d'à côté. Le patron qui seconde sa femme me fixe d'un œil noir. Je reviens le lendemain, pas trop faraud. Les gens se suivent à deux mètres de distance... Une affiche sur la vitrine informe d’un nouveau mode de circulation. Arrive mon tour ; je regarde de biais la boulangère. Elle me remercie avec chaleur !

"Mon mari est un grand asthmatique, il n'osait pas parler aux clients..."

Également, vers la fin du confinement, toujours à la boulangerie, l'homme qui me suit me demande, tout à trac, "Où avez-vous trouvé ce masque à gaz" ? Je ri de la bonne blague. Il reprend, très sérieux : "J'ai dit une bêtise" ? Finalement un peu vexé je lui explique : "C'est un masque PLAY-MOBIL en plastique, éternel et facile à nettoyer". Il y a des industriels pour saisir les opportunités sans trop se poser de questions... L'urgence dispense de l'esthétique !

 

Gérond’if enquête sur l’impact du confinement sur les personnes âgées à domicile en Île-de-France Gérond’if mène une enquête visant à recueillir le sentiment et le vécu des personnes retraitées d’Île-de-France durant la période de confinement afin de leur donner la parole mais aussi de comprendre l’impact de ce confinement aux plans psychologique et social. Cette enquête vise également à apporter des pistes d’améliorant pour la gestion de l’après crise. Pour participer vous devez avoir plus de 60 ans, être retraité, vivre en Ile-de-France et être confiné chez vous.

Il vous faudra environ 15 minutes pour remplir ce questionnaire. En savoir plus

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